UN LANGAGE VIOLENT DE VERITÉ!

Publié le par LE GARS DE MANDOUL

« Quand la vérité met le poignard à la gorge, il faut baiser sa main blanche, quoique tachée de notre sang. » Agrippa d’Aubigné  

Quel événement historique se trouve à la base du fondement du peuple tchadien? Quelles sont les germes qui ont faussé les relations entre les citoyens du Tchad? Il ya d’abord des problèmes internes tels que le manque d’identification de repère historique fondateur du peuple tchadien; les lectures et interprétations erronées des écritures religieuses; le syndrome du colonisé; l’instrumentalisation des ethnies à des fins politiques; le néocolonialisme et bien d’autres défauts qui, par accumulation, se métamorphosent en fatalités. Tenez-vous bien, mon langage sera violent de vérité et de réalité.  

            En effet, le « kirdi » (non musulman) tchadien du sud, fait l’amalgame entre l’islam et l’islamisme, voit en son frère tchadien, musulman du nord, le diable auteur de ses malheurs et misères depuis la disparition du régime politique de Ngarta Tombalbaye. Pourtant, c’est aussi une dictature qui n’a pas toujours bercé ses opposants et qui garde ses lots de crime contre les tchadiens. Ce premier président du Tchad, un « kirdi » du sud, a commis des crimes graves contre les tchadiens du nord et aussi ses propres parent du sud. Parallèlement à cette attitude déplorable, le musulman tchadien du nord, refuse catégoriquement d’envisager la possibilité de vivre et de prier dans un pays dirigé par un « kirdi » car, il prétend que c’est Dieu lui-même qui n’accepte pas un tel choix. Une prescription divine que beaucoup se demandent si elle est écrite noir sur blanc dans les livres sacrés ou fait-on dire à Dieu des choses... Ainsi, compétent ou pas, visionnaire ou non, il ne faut jamais qu’un « kirdi » du sud parvienne au pouvoir. Mieux vaut mourir ou laisser le criminel Deby Itno comme président à vie, que de laisser le pouvoir à un « kirdi » diront certains. Je peux affirmer, avec prétention à la certitude, que presque tous les tchadiens ont déjà pensé et murmuré tout bas ce que je viens de dire tout haut.  En vérité, nombreux sont les tchadiens qui, se  retrouvant en présence des personnes sûres et dignes de confiance, s’abondent de ces délires. Une honteuse plaie mortelle! Peut-être que c’est politiquement incorrect que je dise les choses de cette manière, au risque de heurter les sensibilités mais je n’écris jamais pour mendier des compliments. Aux cœurs sensibles, allez vous bercer dans les diversions et les mensonges bien gardés! C’est une triste vérité que les tchadiens évitent d’en parler car disent-ils, ça peut diviser les gens face à Deby Itno. Mais messieurs et mesdames, vous êtes déjà incapables d’unité! Il suffit de le reconnaître et de changer la formule. Nous sortirons tous gagnants. Je vous dirai plus loin, dans mon analyse, ce que je pense sur les causes de cet échec. Tant qu’on ne revient pas sur cette plaie, visiblement incurable, pour la saigner, retirer les pues profondes, nettoyer les cellules mortes et la panser pour une guérison certaine et définitive, nous dirons toujours que seuls les français sont responsables de tous nos malheurs. Nous tergiverserons sur les dieux, les démons, les étrangers, les autres et toujours les autres. Et nos problèmes demeureront de marbre!  

            Tous s’accordent à dire que les tchadiens attendent un homme visionnaire et de consensus pour se lever unanimement dernièrement lui, comme un seul peuple. Je me demande si les tchadiens, aussi facilement qu’on laisse croire,  se lèveront tous comme un seul peuple derrière un tel leader s’il surgit? Se comporteront-ils tous vraiment comme membres d’un seul corps? Peu probable. Le mal tchadien est si profond que les qualités d’un seul individu ne pourront le surmonter. C’est plus compliqué que nos simples projections rationnelles à cause d’un autre aspect de problème interne qui échappe jusque-là, au subconscient collectif des tchadiens. Les tchadiens n’entrevoient pas l’élément originel fondateur de ce peuple unique car personne n’a clairement identifié l’événement à la base, le repère de consensus et d’unité autour duquel tous peuvent s’accorder. Voilà ce qui nous a échappé jusque-là et qui nous manque. Les sages disent en Afrique que « Quand on ne sait plus où on va, on se souvient d’où on vient. ». Ce qui est effrayant, c’est que nous ne semblons pas savoir où aller et nous ne nous souvenons pas d’où nous venons. Voila pourquoi nous sommes incapables de solidarité face à un ennemi qui menace notre existence. Nous avons passé des décennies à aguerrir l’art de nous entretuer au lieu d’éduquer notre raison, au point de ne plus savoir exactement d’où nous venons. Triste! Ce sont les mêmes raisons qui expliquent le fait que la dimension militaire de la résistance tchadienne ne réussi pas à s’unir. L’unité est plus qu’une juxtaposition territoriale des positions militaires ou une assistance temporaire réciproque dans les opérations armées. On parle des tchadiens unis? Je rigole. Parlez des fils unis des régions du Tchad, c’est plus descriptif de la réalité sur le terrain. Si Deby doit perdre le combat, c’est parce qu’il n’aura personne pour défendre son régime et non à cause d’une action collective des tchadiens unis quoique c’est le résultat qui importe. Ce sera une défaite de la dictature et une victoire de l’union!  

            Les tchadiens n’atteindront l’unité que lorsque la relation qui les lie devient, par rupture ou par réaménagement, une relation d’égalité de citoyen à citoyen, une relation de respect et de considération de tous, au delà des déterminismes ethniques. C’est à partir de ce moment seulement que le comportement des tchadiens changera depuis les profondeurs, progressivement mais surement par l’éducation de leurs raison. Oui, le comportement des tchadiens peut changer bien que difficile. Il n’existe pas, dans l’absolu,  un peuple ayant une mentalité disgracieuse ou un comportement criminel inné. Pas besoin de nous rappeler que nous sommes tous nés enfants, c’est-à-dire innocents, avant de grandir et d’être ce que nous sommes.

            Nos défauts internes n’expliquent pas tout le malheur que nous vivons. Le néocolonialisme ajoute sa part de dégâts aux maux tchadiens à travers des bandits locaux, des délinquants de nos finances publiques, des meutes de pillards  de nos matières premières…et j’en passe.  L’essentiel des questions je soulève, pour le moment, n’est pas la politique étrangère des pays riches envers le tiers-monde mais je reviendrai là-dessus.  Le jour où les tchadiens auront identifiés l’ingrédient qui manque à la  réalisation leur unité, commencé la résolution de leurs différends internes depuis les profondeurs jusqu’aux hauteurs, ce jour-là, ils se lèveront comme un seul peuple et leurs ennemis fuiront. Mais avant d’arriver à ce jour, chacun doit, dès aujourd’hui, commencer à poser un acte juste c’est-à-dire un acte rassembleur!  

LE GARS DE MANDOUL

Publié dans Politique

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