VOYEZ-VOUS L’UTILITÉ DE LA COOPÉRATION AVEC LA FRANCE ?

Publié le par LE GARS DE MANDOUL

« La vérité vient rarement des réponses que tu reçois ...la vérité naît de l'enchaînement logique des questions que tu poses. » Daniel Pennac

Tout ce que vous écoutez sur la Radio France Internationale ou que vous voyez à la télévision, en ce qui concerne la coopération entre le Tchad et la France, n’est pas nécessairement vrai; n’est pas toute la vérité. La réalité est que la coopération actuelle entre les deux pays ne profite en rien aux tchadiens. Depuis toutes ces décennies de coopération, les tchadiens demeurent toujours dans la noirceur de la pauvreté et de l’oppression; dans une situation  de ni guerre ni paix et de précarité des besoins sociaux premiers de toute sorte. Près de 80% de tchadiens ne savent pas lire et écrire,  ni en français ni dans leurs propres langues ou dans une langue autre. Avec un niveau d’instruction globalement faible, les grands enjeux et certains maquillages d’intérêts  échappent complètement aux tchadiens, au moment où la compréhension de ces enjeux est nécessaire pour se comprendre soi-même et connaître la direction vers laquelle on évolue. Je ne dis pas que les tchadiens sont des abrutis. Loin de là. Je constate plutôt que malheureusement, les hommes intelligents et compétents sont en nombres très insuffisants au Tchad et surtout ce n’est pas eux qui dirigent le pays ni que leurs idées soient mises à profit. (Intelligent, pour moi, ne signifie pas obtenir des bonnes notes pendant son parcours scolaire ou possédé un diplôme de degré élevé). De plus, au sein de cette minorité,  la corruption a perverti un grand nombre. Finalement, il ya une carence patente d’hommes capables et visionnaires au Tchad. Ainsi, les tchadiens se retrouvent orienter vers des activités de production et de coopération qui ne leur rapportent rien. Prenons l’exemple de la culture du coton, matière première dont la France a plus besoin que le Tchad. Pourquoi les tchadiens cultivent-ils le coton alors qu’ils ont un problème de famine? Nombreux sont les enfants tchadiens, les femmes et les vieillards qui dorment avec à peine un repas par jour. Pourquoi les tchadiens ne cultivent pas le blé, le manioc, l’haricot, le riz…, qu’ils pourraient directement consommer et contenir eux-mêmes la famine qui les menace mais  ils préfèrent mendier la nourriture venant d’ailleurs? Comment expliquer rationnellement que nous, les tchadiens, quémandons de la nourriture pour faire face à la faim et dès que nous avons un peu d’énergie, pour tenir à peine sur les deux jambes, nous courons cultiver le coton que nous ne mangeons pas? Ces matières premières ne sont ni un besoin social premier des tchadiens ni transformées au Tchad pour que nous bénéficions des retombées économiques. Pire, les français reviennent nous les vendre à 1000% plus chers. Quel problème social prioritaire  et d’envergure nationale règle-t-on dans ce pays avec la culture du coton dont la France a plus besoin que le Tchad? Ce que je dis se constate déjà ailleurs en Afrique et je ne vous apprends rien. Je reviens simplement sur la réalité observée. A mon avis et en vérité, dans le contexte de la coopération entre le Tchad et la France, nous ne sommes que des vulgaires machines de production de matières premières dont la France a besoin pour se maintenir dans le cercle des grands pays et se développer. Posons-nous des questions. A qui profite la coopération avec la France? Quelles sont les œuvres bénéfiques concrètes de la coopération avec la France  dont on peut se souvenir? Quelle amélioration cette coopération a apporté directement à la condition de vie des tchadiens et à leur progrès en près de 50 ans?  

Il ya un problème sérieux au niveau de l’aide coopérative, de la forme de cette aide, de ceux qui la décident et la gèrent. Soit que les tchadiens sont tellement faibles d’esprits qu’ils demeureraient incapables d’évoluer même avec l’aide la planète entière, ce qui revient à dire qu’il n’ya pas une seule responsabilité de la France dans la situation actuelle des tchadiens. Soit que la coopération avec la France est simplement défavorable et nuisible aux tchadiens, ce qui explique en partie leurs fortes régressions. Personnellement, je doute que les tchadiens soient si obtus au point qu’une aide véritable et juste les fait régresser. Aussi, il n’est pas essentiel de trouver nécessairement un coupable. Pour ceux que ça intéresse, il ya toujours moyens de jouer sur les sens des mots ou de trouver un vide pour un autre argumentaire et paraître brillants. Ce qui importe de relever, c’est que l’aide apportée par la France aux tchadiens, à travers la coopération, ne leur profite en rien ou les retombées bénéfiques de cette collaboration sont tellement insignifiantes qu’elle est inutile.  La coopération entre la France et le Tchad a produit un peuple digne d’elle : un peuple malheureux, en manque des besoins sociaux fondamentaux et vivant dans le tourment continuel d’insécurité, causée par des chefs de guerre soutenus par l’armée française et les politiciens civils français. En 2007 au Tchad, l’eau potable, l’électricité, les soins premiers sont toujours perçus par un grand nombre de tchadiens comme un luxe qui se mérite. A Ndjamena, la capitale, les citoyens s’étonnent et crient de joie lorsque l’électricité est rétablie, pour à peine quelques heures, et tenez-vous bien, après deux semaines de coupure continue. Voila où sont rendus les tchadiens avec cette coopération dont on ne trouve pas l’utilité. La nature mafieuse et immorale de la politique française  à l’égard du Tchad, avec ses cohortes de pillards; les dérives coloniales de l’armée française et même la culture française ne conviennent pas aux  tchadiens. Il ne sert à rien de continuer une coopération qui produit des inégalités injustes et fait régresser. Le problème n’est pas dans les erreurs techniques de parcours ou chez des brigands devenus chef d’état pillant les deniers publics avec des complices étrangers. Indépendamment de toute comparaison, le principe de base de l’association entre la France et le Tchad est déjà dommageable pour les tchadiens. Le nuisible est dans l’essence même de la coopération avec la France. D’où l’inutilité de maintenir une « aide » qui génère des dettes et ne profite qu’aux bandits.  

            Bref, peu importe si c’est la faute de la France, de ses valets imposés au peuple comme chef d’état ou des tchadiens eux-mêmes. Le but de mon analyse n’est pas de trouver un coupable ni de jouer la carte de la victimisation pour attirer une sympathie quelconque. La vérité est que nous avons effectué une expérience de coopération avec la France qui a échoué lamentablement. C’est un fait. Maintenant, nous avons besoin de nous interpeller nous-mêmes pour régler définitivement nos problèmes par la détermination des expériences et associations nouvelles, pertinentes, efficaces, productives et profitables pour les tchadiens. Pour cela, il faut explorer d’autres horizons, d’autres savoirs-faires, d’autres modèles sociaux et économiques qui réussissent le mieux et qui nous seront avantageux. Nous sommes malheureux avec la France. Nous réalisons que si le bonheur existe, le notre n’est pas auprès de la France ni sur la route que nous mène la coopération actuelle.  Choisissons nous-mêmes notre partenaire et remarions-nous. Cette femme là, nous a choisis d’elle-même. Avec elle, notre vie régresse et se trouve ruinée. Libérons-nous de la dame adultère et laissons-la aller vendre ses infidélités ailleurs ou à qui voudra l’essayer.

Le Gars de Mandoul

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article